DALAÏ-LAMA : Compassion 15
4 – Développer la compassion (suite) : « Vaincre l’ennemi qui est en soi » (2/3)
On parle de quatre vingt quatre mille (84000) types de pensées nuisibles, auxquelles correspondent quatre vingt quatre mille approches ou antidotes. Il ne faut donc pas s’attendre à trouver, comme par enchantement, la solution miracle qui nous délivrera de toutes ces forces négatives. Nous devons, sur une longue période de temps, appliquer des méthodes nombreuses et variées afin d’obtenir des résultats probants. Une grande détermination et beaucoup de patience sont de rigueur. Ne vous attendez pas, dès les premiers pas sur la voie du « dharma » (que l’on peut dans ce cas traduire par « la nature ultime du réel » on peut raccourcir en disant « vérité »- NDLR) à atteindre « l’Éveil » en une semaine. Ce serait irréaliste.
… de magnifiques pages * ont été écrites sur la nécessité d’être patient quant à un véritable engagement dans un processus de transformation mentale. Elles précisent que si -par l’entraînement et la discipline de l’esprit, par la vision profonde et son habile application- on parvient à produire en soi un état tranquille et confiant, fondé sur une démarche authentique et définitive, le temps nécessaire à l’atteinte de l’éveil importe peu. Or,…, le temps a pour nous une grande importance. Si nous sommes accablés par un évènement insoutenable, même de courte durée, nous brûlons d’impatience et cherchons une issue la plus rapide possible.
Puisque la compassion et l’affection se développent au prix d’un effort conscient et continuel, commençons par identifier les conditions favorables à l’émergence de nos qualités de cœur et les circonstances adverses qui nous empêchent de cultiver ces états positifs. A cette fin nous devons vivre avec un esprit alerte et une attention constante. La maîtrise de la vigilance doit être telle qu’à chaque nouvelle situation, nous pouvons immédiatement reconnaître si les circonstances sont favorables ou, au contraire, si elles nuisent au développement de la compassion et de l’affection. En poursuivant cette pratique, nous pourrons progressivement réduire les effets des forces obstructives et accroître les conditions propices au développement de ces deux qualités.
Comme je l’ai mentionné précédemment, toute souffrance et tout bonheur sont d’ordre physique ou mental. Quand une douleur se manifeste sous forme physique, elle peut être soulagée par un état d’esprit positif. En effet, un esprit calme peut la neutraliser. L’acceptation et la volonté d’endurer la douleur marquent aussi une grande différence. En revanche, s’il s’agit d’un tourment plus mental que physique, il est très difficile de le calmer par un réconfort physique. On peut bien sûr essayer de l’endormir par des gratifications sensorielles, mais cela de dure pas et le mal risque d’empirer. Il est donc très bénéfique de s’adonner tous les jours à un entraînement mental, sans forcément entrer dans des considérations d’ordre spirituel relatives à la mort ou à la voie vers l’Éveil
…/… (A suivre : Vaincre l’ennemi qui est en soi- 3/3)
* Le grand saint bouddhiste Nagarjuna
[Transcription tiré du livre « Les voies spirituelles du Bonheur »]
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